Célébration des 10 ans des droits humains à l’eau et à l’assainissement

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Dans le sens horaire, en partant du coin supérieur gauche : Sergio Campos (IDB), Amanda Loeffen (Directrice Générale, HR2W), Blanca Gimenez (CONAGUA), Callum Clench (IWRA), Léo Heller (Rapporteur Spécial des Nations Unies), Maureen Mwadime (KNCHR)

Le mois de Juillet 2020 marque les 10 années écoulées depuis la reconnaissance des droits humains à l’eau et à l’assainissement par l’Assemblée Générale des Nations Unies. Bien que des progrès considérables ont été effectués pendant cette décennie, notamment par le fait qu’au moins 10 pays ont modifié leurs lois afin d’inclure ces droits dans leur constitution, il reste beaucoup à faire. Une grande majorités de pays à travers le monde peine toujours à garantir un accès total, sécurisé et durable à l’eau potable et à l’assainissement, et en particulier pour les membres marginalisés de la société.

En célébration de cette étape importante et en coordination avec le Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les droits humains à l’eau et à l’assainissement, Human Right 2 Water a été l’hôte de son deuxième séminaire cette semaine et a rassemblé les perspectives de divers experts du domaine de l’eau et de l’assainissement, notamment du Mexique (CONAGUA), du Kenya (Commission Nationale des Droits de l’Homme du Kenya), de la Banque Interaméricaine de Développement et de International Water Resources Association.

Le webinaire s’est focalisé sur l’importance de reconnaître les droits humains à l’eau et à l’assainissement dans les lois et les politiques, notamment si l’on espère atteindre les Objectifs du Développement Durable 6.1 et 6.2. La Directrice Générale de Human Right 2 Water, Amanda Loeffen, a souligné l’urgence de la situation lorsqu’elle a signalé le fait que « moins de 30 pays dans le monde ont explicitement reconnu le droit humain à l’eau dans leur constitution, ce qui n’est qu’un premier pas ».

Des millions de personnes dans le monde sont encore dépourvues des installations basiques qui leur permettent simplement de se laver les mains afin de se protéger des infections comme le COVID. Ce type de crises montrent le besoin pressant de changements. Comme l’a remarqué le Secrétaire du Conseil et Directeur Exécutif de IWRA, Callum Clench, « un des messages claires qui a été retenu de la crise du COVID c’est qu’il a accentué le besoin préexistant de réaliser le droit humain à l’eau et à l’assainissement pour l’hygiène basique, comme le lavage des mains. »

Des progrès ont été réalisés dans certains pays, en particulier dans ceux où les gouvernement ont accepté le besoin de réformes des programmes nationaux d’eau. Sous la responsabilité de la Dr Blanca Jimenez, Directrice Générale de la Commission Nationale de L’Eau, CONAGUA, « le Mexique a présenté un nouveau décret afin de s’assurer que chaque personne ait accès à au moins 100 litres d’eau par jour ». La Dr Jimenez a souligné que 7 millions de personnes (au Mexique) n’ont pas accès un service d’eau normal… Beaucoup d’entre eux ne pouvant pas se permettre le coût de l’énergie. La réponse du gouvernement s’est traduite par une réforme des politiques afin de rendre l’eau plus abordable pour les personnes vulnérables, en augmentant les subventions de 50 à 90% pour certains.

La région d’Amérique Latine souffre déjà d’une infrastructure d’eau vulnérable au changement climatique et à des systèmes inefficaces. Selon Sergio Campos, Chef de la Division Eau et Assainissement de la Banque Interaméricaine de Développement, « presque 50% de l’eau produite est perdue » dans les systèmes de distribution en Amérique Latine, ce qui fait de l’infrastructure inefficace un obstacle supplémentaire pour la disponibilité de l’eau. Sergio a aussi souligné les progrès réalisés. En effet, 16 pays ont reconnu le droit humain à l’eau dans la région.

En ce qui concerne le continent Africain, le Kenya figure parmi les leaders dans ce domaine grâce à la mise en œuvre d’un système pour surveiller la réalisation des droits humains à l’eau et à l’assainissement développé conjointement en 2017 par la Commission Nationale des Droits de l’Homme du Kenya et d’autres. Maureen Mwadime, haute spécialiste des Droits de l’Homme a la KNCHR a aussi mis en exergue ce besoin d’intervention en remarquant que « seulement 59% des Kenyans ont accès à des services de base en eau, et 29% à un assainissement de base »[1]. Vous pouvez trouver sa présentation via ce lien.

Léo Heller, Rapporteur Spécial des Nations Unies sur les droits humains à l’eau potable salubre et à l’assainissement, a permis de mettre l’accent sur certains progrès réalisés au cours des 10 dernières années. Il a expliqué comment il a pu suivre les pays où se sont effectués des missions, afin d’observer lesquels avaient suivi les recommandations pertinentes. Il a souligné les cas du Portugal et d’El Salvador, où des progrès intéressants ont été réalisés. Par exemple, suite à ces recommandations, le Portugal a récemment lancé des initiatives d’amélioration de services abordables pour les personnes dans une situation de pauvreté.

Le sujet de l’abordabilité est revenu à maintes reprises dans les questions. En se concentrant directement sur le thème de l’abordabilité, l’un des critères de ces droits humains, Léo Heller a résumé quelques-unes des approches qui peuvent être développées (celles-ci sont référencés dans ce rapport). Qui plus est, il a mis l’accent sur « le besoin de réaliser progressivement ce droit, et le besoin que les pays maintiennent cet effort ».


[1] WASH Joint Monitoring Programme, 2019


250 inscrits et participants se sont joints au webinaire à travers le monde, notamment de continent Américain, d’Afrique et d’Asie.

Pour ceux d’entre vous qui n’ont pas pu se joindre à nous, un enregistrement du webinaire est disponible.

Le 5 Août prochain, notre webinaire traitera des PPP « People-First » et de l’intégration d’une approche basée sur les droits humains afin d’atteindre l’OOD 6. Des détails supplémentaires seront bientôt disponibles.